Transcendance de Wally Pfister, explication du film

Il est conseillé d’avoir déjà vu le film vu que je fais des spoilers. Si vous ne l’avez pas encore vu, il vaut mieux postposer la lecture de ce commentaire.  Pour autre information, une partie de l’article a été écrite au lendemain de la vision du film au cinéma (il y a deux ans environ) et cette partie a été remaniée et complétée deux ans  après quand j’ai revu l’œuvre.

Ne prenez pas ce film comme un film réaliste ou voulant vraiment l’être. Il est beaucoup plus onirique. Le classer dans la science fiction ou même l’anticipation me parait dès lors une erreur. D’autant plus que rien dans le film ne semble indiquer que nous sommes dans le futur.

Je finis ce long avant-propos avec le rappel concernant mes articles sur le cinéma.

Petites précisions sur le film

C’est le premier film de Wally Pfister comme réalisateur mais celui-ci n’est pas du tout un novice. Le casting comprend des acteurs ayant une bonne notoriété (dont Johnny Depp !). Le budget est conséquent. Le fait est que, volontairement ou non, c’est un film avec différents degré de lectures et peu de spectateurs seront en mesure de comprendre directement le message latent bien plus intéressant que le message apparent ce qui explique sans doute l’échec commercial.

Le slogan ... Will Caster va devenir quelque chose d'autre qu'humain

Le slogan … Will Caster va devenir quelque chose d’autre qu’humain

(c) DR

Résumé

Une équipe de scientifiques travaillant sur l’intelligence artificielle obtient de bons résultats. Des terroristes décident alors de provoquer un attentat pour les mettre hors d’état de nuire. Suite à cet attentat, le plus brillant des scientifiques se voit condamner à mourir et son épouse fait alors tout pour le faire survivre en le « transférant » dans des ordinateurs utilisés pour animer une intelligence artificielle. Cela aboutira à des conséquences très négatives pour l’humanité qui se verra condamnée à opter pour des mesures radicales et à supprimer toute technologie de communication en réseau afin d’éradiquer le danger.

Pourquoi analyser ce film ?

Parce que je n’ai trouvé aucune critique ayant compris le sens que je donne au film (note: à l’époque de l’écriture du premier brouillon, je n’ai pas revérifié depuis).

Critiques de la presse ?

  • Première: 1/5.  Scénario boiteux.
  • Marla Singer: le scénario ne tient pas de bout. On arrive pas à s’attacher aux personnages (Note: là je suis d’accord, même si ce n’est pas le sujet de l’article, le film est trop froid émotionnellement parlant).
  • Thomas Perillon: intrigue gentillette et sentimentale.

Un film onirique, entre contenu latent et apparent

Si je devais définir ce film, je dirais surtout qu’il est « onirique ». Il est comme dans un rêve avec un contenu refoulé qui s’affirme de manière cachée et qui doit être décodé. Il y a donc un contenu apparent et un contenu latent (caché derrière des symboles). Une fois qu’on le sait, il est beaucoup plus facile de comprendre le vrai sens du film.

De l’incestuel à l’inceste, d’un père à sa fille

Non, non, je n’ai pas fumé. Mais, je suis aussi très sur de ce que je dis. Ce film raconte l’histoire d’une fille qui déifie son père (comme tous les enfants, finalement) et tout le film traite de ce sujet avec plus ou moins de force.  Mais la relation avec son père est malsaine, incestuelle, et se dirige tout droit vers l’inceste consommé principalement du fait du père qui ne maitrise pas son « pouvoir ».

Les nuances étant de savoir si cet inceste est consommé ou non, la morale exacte et les conséquences qui sont montrées.

Voyons maintenant quelques petits éléments qui peuvent être interprétés dans ce sens.

Dieu le Père Tout Puissant

Dieu est, de manière non cachée, un grand thème du film. Les terroristes reprochent à nos scientifiques de vouloir se prendre pour Dieu. Will lui-même, quand il est interrogé lors de la conférence ne s’en cache pas. Et l’histoire nous montre quelqu’un qui devient Dieu: capable de tout voir, tout savoir, tout créer, tout guérir.

Par ailleurs, très régulièrement, quand les gens rencontrent Will, ils disent « My God », « Jesus Christ » ou des paroles directement attachées à Dieu. Certes, elles servent d’abord à exprimer l’état d’esprit des personnes qui les prononcent mais peuvent très bien servir à désigner Will dans le même temps. D’autant plus que ces paroles ne sont quasiment prononcées qu’en sa présence.

Or, dans Totem et Tabou, Freud nous expliquait ce que la religion cache à peine: Dieu est un Père pour nous. Dans l’histoire, ce qui nous est représenté comme étant un nouveau Dieu sera aussi un père. Pourquoi est-il tout puissant ? Parce que c’est l’image que peuvent avoir les enfants de leurs parents et de leur père à un certain âge.

Dans Totem et Tabou, toujours, l’existence de Dieu est postérieure au meurtre de leur père par des enfants qui veulent s’approprier leur mère et consommer l’inceste. Freud se sert de cette hypothèse pour expliquer à la fois la création de Dieu (qui est vénéré suite à la culpabilité de son meurtre) et le tabou de l’inceste (cause du meurtre).

Si on revient au film, on constate que « Dieu » est tué, lui aussi. Et qu’il acquiert sa toute puissance divine suite à ce meurtre.

Jésus, qui dans la mythologie chrétienne est aussi un Dieu (ou une représentation de Dieu, excusez moi pour le vocabulaire probablement non adéquat) faisait des miracles, s’intéressait aux marginaux et laissés pour compte. C’est encore une fois une facette de Will. Il guérit miraculeusement, donne de l’intérêt aux habitants d’une contrée marginale et devient en quelque sorte leur messie dans un esprit d’ailleurs très sectaire où ils se posent très peu de questions, manipulés qu’ils sont par leur nouveau Dieu.

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Les personnages

Pour faciliter la suite de la lecture, je vous donne les principaux acteurs du film, leur rôle apparent et leur rôle réel:

  • Dr Will Caster: c’est le scientifique le plus doué du trio des chercheurs. Tué par les radiations d’une balle radioactive. C’est lui qui deviendra le Dieu après sa mort grâce aux efforts conjugués de Evelyn, son épouse et de son ami Max Waters. Si on regarde attentivement, il est le « père ». Nous l’appellerons parfois également Dieu dans la suite.
  • Evelyn Caster: épouse du Dr Caster. Ne supportant pas sa mort, elle le ressuscite dans l’intelligence artificielle puis devient sa fidèle complice vis-à-vis du monde extérieur ainsi que son représentant et défenseur. Si on regarde bien, elle est la « fille ». Le prénom comprend le mot « Eve ». Or, Eve a été créée par Dieu. Et sans sexualité à l’origine, jusqu’à ce qu’elle croque la pomme d’Adam, ce qui la fera expulser du paradis. Elle porte le même nom que Will Caster parce qu’elle est mariée, mais ce serait également le cas si elle était sa fille.
  • Bree est la chef du RIFT (crevasse ou fente en anglais), organisme terroriste qui tue Caster une première fois (ce qui, paradoxalement, ne fait qu’accentuer le problème) et qui essaie ensuite de l’empêcher de devenir Dieu dans sa résurrection. L’endroit où se situe le RIFT (un canyon mimant un entre-jambes féminin), le nom de l’organisation (« fente ») et le fait que Bree soit une femme indique assez clairement l’aspect féminin de cet organisme. Par ailleurs, leur combat est principalement de lutter afin que Caster ne puisse devenir Dieu et c’est ainsi qu’ils doivent le tuer à deux reprises. Si on regarde bien, elle est évidemment la mère d’Evelyn et la femme (ou ex femme) de Caster. Bree n’a pas de nom de famille. Un peu comme si elle l’avait perdu, ce qui arrive à une femme qui se marie dans certaines cultures (très fréquent en France mais c’était le cas aussi avant en Belgique).
  • Max Waters: il est un grand ami d’Evelyn et c’est lui qui l’aidera à ressusciter Caster mais il le regrettera tout de suite. En tant que scientifique, il a écrit des papiers sur les dangers de l’intelligence artificielle mais il refuse au début de collaborer avec Bree. Elle doit le kidnapper et le forcer mais il joue un rôle essentiel dans la seconde mort de Will Caster (et involontairement dans celle d’Evelyn). J’ai difficile à dire ce qu’il est vraiment: le fils (donc le frère d’Evelyn) ? l’homme qui doit détacher Evelyn de son père (le futur mari) ? Un oncle ? Un proche de la famille ? Il est en tout cas obligé de faire alliance avec le RIFT mais pas de gaieté de cœur au début car il ne la perçoit pas tout de suite comme une alliée.
  • Tagger: un scientifique qui travaillait dans le domaine de l’intelligence artificielle et qui est le seul rescapé d’un attentat ayant eu lieu dans son labo. Il aidera le RIFT dans son entreprise et donnera le conseil à Evelyn de « fuir ». Il est une personne pleine de sagesse. Il pourrait être membre de la famille (oncle ou grand-père d’Evelyn) ou éducateur. Je l’imagine bien en grand père d’Evelyn mais c’est seulement une intuition. Il est respecté par Will. S’il semble dans le camps des « gentils », c’est aussi la personne qui insiste le plus sur le côté « déiste » de Will et pourrait, s’il est bien son père, avoir contribué par son éducation à l’avoir fait péter les plombs.

En résumé, c’est très familial, tout ça. Dans le reste de l’article, j’utiliserai les significations symboliques autant que réelles. Par exemple, je dirai parfois père, ce qui désignera Will.

L’isolement, aridité, gouttes d’eau

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Que ce soit du côté de la mère ou du père, on est en plein désert, on vit cachés. Dans une crevasse pour l’une et dans un labo souterrain pour l’autre. Evelyn vit au cinquième sous-sol, ne voit que peu d’humains mais a par contre en permanence la vision omniprésente de son père.

On a là un contexte typique d’une famille dysfonctionnelle. Et quand Will parle en public, ce qu’il cherche à éviter au maximum, il présente certes une grande aisance, mais il tient également des propos effrayants qu’il assume sans détours comme s’il ne devait pas tenir compte du monde extérieur (ou comme s’il ne se rendait pas compte de ce qu’il disait, ce qui n’est pas incompatible).

Aussi bien la mère que le père choisissent d’habiter dans des territoires hostiles et désertiques. La raison expliquée est le besoin de se cacher du monde extérieur. Cela corrobore le fait qu’il se passe des choses inacceptables qui ne doivent pas être vues.

L’aridité des endroits où ils vivent évoque aussi la « mort ». Et, par opposition, les gouttes d’eau donnent la vie. Mais cette eau, justement, sous forme de goutte, n’est présente qu’en petite quantité (sauf à un seul moment du film mais elle est alors contaminée.

Par ailleurs, cet isolement rend également difficile toute fuite. Si, en théorie, elle a le droit de partir et possède la liberté de mouvement (ce qui  diminue avec le temps au fur et à mesure que Will arrive à se « matérialiser »), en vrai, ce n’est pas si évident. Dés le moment où elle choisit de s’en aller, il fait « pleuvoir » rendant le monde extérieur plus gris qu’il ne l’est et plus impraticable sauf que chaque goutte d’eau n’est qu’illusion qu’il est seul à maitriser.

Enfin, le « paradis » que construit Will au début du film et dont s’inspire Max pour se protéger de ses attaques, est encore une fois une manière de la garder isolée dans son jardin.

Répétitions

De nombreux éléments se répètent tout au long du film : le tourne-disques, les tournesols, les gouttes d’eau et le film lui-même est construit dans une boucle temporelle avec une fin et un début égaux. Jusqu’au feu de signalisation qui préfigure le début (quand on le respecte) et la fin (quand on le dépasse).

Souvent, dans les milieux dysfonctionnels, une certaine reproduction des évènements traumatiques continue de génération en génération.

Par ailleurs, ces mondes étant peu ouverts sur le monde extérieur, ils se révèlent étouffants et ennuyants comme le serait un long séjour en prison ou chaque journée se répète identiquement à l’infini avec très peu d’ouverture sur le monde extérieur.

Amour platonique …

Dans le premier degré du film, on ne voit jamais un moment calin, un baiser, une attitude érotisante. C’est très simple, si le film ne nous dit pas que Will et Evelyn sont en couple, on pourrait très bien croire qu’ils sont frères et sœurs ou amis.

Cependant, plus le film avance et plus la volonté de Will de consommer augmente ce qui effraie passablement Evelyn. L’amour entre les deux est d’abord platonique, avant la réincarnation, pour chercher à devenir de plus en plus charnel et, de l’autre côté, un fantasme enfantin qui ne cherchera pas à se réaliser dans une sexualité adulte (même si on peut interpréter la fin comme un passage à l’acte destructeur pour l’humanité, celui-ci n’est pas désiré, seulement accepté).

Le virus, de l’incestuel à l’inceste

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Pour détruire le mal, un virus est écrit et proposé. Celui-ci l’est par Max et se révèle une arme à double tranchant.

En effet, pour que Will puisse être arrêté, il est nécessaire qu’il franchisse la ligne rouge entre l’incestuel et l’inceste.

Petite parenthèse : soyons clairs, l’incestuel est très grave et peut faire énormément de dégâts à un enfant. Mais il est moins évident, car on est face à des comportements par toujours visibles de l’extérieur et il n’y a pas de sexualité adulte. Il est déjà une ligne rouge. Mais mon propos désigne la ligne rouge « visible pour l’extérieur ».

On peut donc imaginer que le mode d’inoculation du virus soit la manière d’arrêter Will.

Mais, ce faisant, puisque le tabou de l’inceste est rompu, l’humanité remonte à l’âge de pierre dans une boucle effrayante.

Le message du film qui peut en découler

Du coup, en réfléchissant bien, on peut se demander si le message du film n’est pas de dire que nous sommes condamnés à aller en boucle d’un état de nature à un état de technologies toujours plus avancées jusqu’à revenir à un état de nature.

En effet, les sciences, la connaissance, nous amènent à tout remettre en question, à nous séparer des Dieux originaux et à nous transformer en nouveaux Dieux. Ce faisant, nous sommes amenés à briser également les tabous qui vont avec, dont potentiellement celui de l’inceste (puisque tout peut être remis en question). Mais en faisant cela, nous briserions le garde-fou qui nous permet de rester civilisés. Et nous retournons à l’état de nature.

Nous sommes donc face à un rappel puissant de nos limites et à une défense acharnée des tabous qui sont à l’origine de notre  « humanité ». C’est assez freudien. Car, comme je l’ai écris plus haut, Freud assimile la mort du père et le tabou de l’inceste comme fondateur du genre humain.

Ce qui est intéressant, c’est qu’un message similaire bien que simplifié peut être trouvé avec un premier degré de lecture : il y a une boucle entre état de nature et état de civilisation et le retour de l’un à l’autre se fait brutalement quand nous voulons nous prendre pour Dieu.

Réactions extérieures

« Pas stopper, besoin d’attendre que aille trop loin et les gens se réveilleront ». Je ne sais plus qui dit cette phrase mais je l’ai notée. Elle est assez emblématique de la difficulté d’agir rapidement pour la société ou avant qu’il ne soit trop tard.

On remarque aussi que RIFT, elle, est attaquée par la société et qu’on l’utilise ou fait pression contre elle. Un peu comme si la mère était jugée pour son inaction.

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Début du film

On dit que le début d’un film contient en lui-même l’explication de la fin (théorie de la « première page » dans le cadre des livres).

Dans le cas présent, les premières images montrent un feu de signalisation éteint. Je l’interprète comme un symbole marquant l’absence de limites et de règles de vie en société. En effet, le feu de signalisation n’indique pas seulement quand on peut traverser, il indique aussi quand les autres peuvent traverser et son utilité est indispensable pour éviter des catastrophes.

Conscience

A deux reprises, la question sur la possession d’une conscience est posée.

A cette question, il n’est répondu que par une autre question, une manière de détourner l’attention pour ne pas répondre.

Toutefois, et je ne sais pas si c’est pareil en anglais, la conscience peut avoir plusieurs significations. Celle qui est visée au premier degré, c’est celle de savoir qu’on existe (je doute donc je pense donc je suis). Mais la vraie question concerne plutôt la conscience en tant que « être conscient de ce que l’on fait » pour dire « faire la différence entre le bien et le mal ». L’absence de conscience peut être l’expression de quelqu’un qui vit sans barrières de manière « totalement inconsciente ».

Par ailleurs, Dieu est interrogé sur la conscience de ses actes ou de ses responsabilités mais il refuse justement cette reconnaissance. Il ne veut pas voir ses abus et pense même être investi d’une mission, ce qui empêche toute remise en question. Nous avons donc un père qui est dépassé par son pouvoir sur sa fille et finit par en oublier ses responsabilités et la retenue qu’il devrait avoir.

Notons qu’on a jamais vu dans une mythologie quelconque un Dieu s’excuser pour ce qu’il a fait, même les pires choses comme le déluge sont « justes » par nature puisqu’émanant de la volonté déiste.

Panneaux solaires, monde d’illusions

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Les panneaux solaires du film sont particuliers. En effet, pour un film à gros budget, ils paraissent particulièrement ratés. Je pense même avoir lu des gens s’en servir pour critiquer le film. Pourtant, je vois deux raisons à leur présence qui fait que le « ratage » est certainement volontaire.

Ils sont régulièrement détruits et reconstruits. Ils sont la source d’énergie du laboratoire. Le blanc indique habituellement la pureté. Will prend bien soin à garder et reconstruire les panneaux solaires. C’est une des principales tâches de construction vue tout au long du film. Ces panneaux se trouvent à l’entrée du laboratoire et sont détruits par RIFT.

On pourrait les voir comme une métaphore d’un père se nourrissant de la pureté de sa fille pour devenir Dieu.

Par ailleurs, il y a un autre sens à leur aspect « raté ». Evelyn vit dans un monde d’illusions mais elle semble être la seule à ne pas le voir ! Dés que Max et Tagger visitent les lieux, ils se rendent assez vite compte que tout ça n’est que pure folie et lui proposent de se sauver.

Mais elle ne voit rien. Hors, même nous en tant que spectateurs sommes invités à voir des panneaux solaires sont en carton. Cela choque les yeux et on ne peut pas ne pas voir que tout ça n’est, je reprends le mot, qu’une illusion, un écran de fumée par rapport à la normalité et au monde tel qu’il est réellement.

Ces panneaux permettent de voir que nous ne voyons pas la même chose qu’Evelyn et que son jugement est biaisé, elle ne sait pas ou plus voir ce qui peut et ce qui ne peut pas être.

Pour rester dans le domaine de l’illusion, on soulignera cette scène où Will crée des bruits de repas et fait semblant de manger réellement avec Evelyn. Durant cette scène, elle s’en énerve et s’en trouve agacée. Un peu comme si les « trucs » de magiciens commençaient à devenir un brin trop apparents et qu’elle commençait à voir au-delà du brouillard.

Les tournesols

A différents moments du film, on voit les tournesols dans la cage de Faraday (une sorte de jardin d’Eden). Parfois fanés, parfois fleuris.

Voici ce que je lis sur le tournesol sur un blog:

Du fait de la fidélité solaire du tournesol, on a fait de cette plante un symbole de dévotion, de sa prolixité un symbole potentiel de fécondité et de renouveau qui s’illustre tant par la quantité de graines qu’un seul pied est susceptible de produire que par l’abondant nectar qu’il fournit aux abeilles.

Le tournesol est étymologiquement la « fleur du soleil ». Or, le soleil est un Dieu dans certaines mythologies anciennes et c’est aussi un élément essentiel de la vie telle que nous la connaissons.

Je le dis sans l’avoir vérifié (pas le temps de revoir le film pour le moment), mais je ne serais pas surpris que l’état du tournesol puisse être un indicateur de la foi que la fille peut avoir dans le père ou du pouvoir que celui-ci peut avoir sur elle.

Omnipotence

Plus le temps passe et plus le monde extérieur que Evelyn est amenée à côtoyer est factice. En effet, dans la ville où ils sont installés, Will finit par contrôler directement les hommes qui travaillent pour lui. Les caméras sont partout mais il voit également à travers les yeux et les oreilles de ses « servants » surhommes. Elle n’a plus d’intimité.

Cette omnipotence et absence d’intimité va jusqu’à la maitrise de tous ses paramètres corporels. Cela ressemble à un premier viol, certes pas physiques mais tout aussi dérangeant dans l’intimité. Evelyn se sent sale, un peu comme s’il avait lu en long et en large son journal intime sans se rendre compte du côté dérangeant.

Changer le monde

« Will ne voulait pas changer le monde, c’était Evelyn. Ca n’a jamais été Will ». Cette phrase représente la culpabilité que ressent Evelyn face à ce qui se passe. Le fantasme qu’elle a eu la convainc qu’elle en est finalement la cause. Pourtant, en tant que fille, ce n’était pas à elle de mettre les limites.

Impressions personnelles finales

C’est un film qui ne me touche pas. Les images sont magnifiques, le côté onirique est beau mais ce n’est pas une histoire qui me parle.

Il ne me fait pas rêver non plus. Mais j’ai quand même aimé en découvrir les ficelles et en débattre ici. Je ne pense pas que le film soit raté ou aussi mauvais qu’on le dit. Mais ce n’est sans doute pas un film fait pour le grand public et cela a du jouer en sa défaveur.

Je lui reconnais en tout cas des qualités artistiques et j’apprécie le fait que le message soit disponible autant au premier qu’au deuxième degré de lecture et je trouve que le scénario est plutôt réussi (du moins si on l’analyse comme je le fais).

Votre aide est bienvenue

Il y a sans doute (certainement) des choses qui m’ont échappé. Mais je compte sur vous, comme c’est déjà arrivé par le passé, pour me montrer où je me trompe, ce que je n’ai pas vu et ce que je n’ai compris qu’à moitié. Les commentaires sont là pour ça.

Par ailleurs, j’aurais encore pu parler d’autres choses, mais je pense avoir fait là l’essentiel. Cependant, l’espace ci-dessous se prête aisément à la possibilité de prolonger la réflexion.

Autres critiques sur le film

Je vous mets les liens de critiques intéressantes en vrac :

Une réflexion sur “Transcendance de Wally Pfister, explication du film

  1. Pingback: 2016 en vrac … petit bilan | Blog d'Aurian

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